Début novembre, les médias ont largement répercuté une étude publiée dans un journal anglais d’écologie (Ecology Letters) qui a dénombré le nombre d’oiseaux disparus depuis les années 80 en Europe occidentale (cf. notamment ce reportage sur la RTS).
Ce que les médias ont relayé est juste à l’échelle européenne et se vérifie en Ajoie: depuis une trentaine d’années, des espèces qui y étaient encore présentes voire communes ont disparu ou très fortement régressé : Bruant proyer, Alouette des champs, Tarier des prés, Pie-grièche grise, Alouette lulu, Caille des blés, Moineau friquet, Perdrix grise, etc. Sera-t-on bientôt surpris de voir une Hirondelle rustique dans une étable ?
Ce que les médias ont moins souligné, c’est que les oiseaux disparaissent avant tout par manque de nourriture et sont en haut de la chaîne alimentaire; ils représentent la point visible de l’iceberg de ce qui a disparu. Leur absence indique que des volumes gigantesques de proies (criquets, scarabées, hannetons, araignées, chenilles de papillons, etc.) ont déserté les prés de fauches, le sol, les vergers, les pâturages.
Ce que les médias n’ont pas dit non plus, c’est que les pertes subies par l’avifaune entre 1980 et 2010 sont faibles par rapport à celles subies entre 1950 et 1980. C’est dans les années entre l’après-guerre et 1980 que les effets de la mécanisation de l’agriculture, de l’utilisation des biocides (pesticides, insecticides) et des nouveaux modes de vie liés à une énergie peu chère ont provoqué un impact très destructeur sur l’avifaune, bien plus fort en Suisse que durant les années 1980 à 2010.
Il est inquiétant de constater que les programmes de promotion de la biodiversité dans la zone agricole mis en place depuis le début des années 2000 ne parviennent pas à inverser la tendance, et que seules des espèces pour lesquelles des mesures spécifiques sont mises en place s’en sortent un peu mieux, comme c’est le cas en Ajoie pour la Chevêche… qui a la chance d’avoir failli disparaître !